Économie International

La CEMAC trace une nouvelle feuille de route après le sommet de Bangui

Réunis le 10 septembre 2025 à Bangui, les chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) ont adopté une série de résolutions destinées à renforcer l’intégration économique, la sécurité régionale et la gouvernance. Des annonces ambitieuses, mais qui appellent un suivi rigoureux.

Sous un ciel chargé de nuages annonciateurs de la saison des pluies, Bangui a accueilli les délégations des six pays membres de la CEMAC. Le 16ᵉ sommet des chefs d’État s’est déroulé dans un contexte marqué par la nécessité de consolider la stabilité économique et d’accélérer l’intégration sous-régionale. Faustin-Archange Touadéra, président centrafricain, hôte du jour, a cédé la présidence tournante de l’organisation à Denis Sassou-Nguesso, président de la République du Congo, pour les deux prochaines années. Ce passage de témoin symbolise une continuité mais aussi une volonté de relance, alors que les attentes des citoyens de la sous-région demeurent fortes : libre circulation des personnes et des biens, attractivité des investissements, sécurité des frontières.

Intégration économique : un chantier central

Les discussions ont mis en avant la nécessité d’harmoniser les politiques économiques et fiscales, avec pour objectif une convergence accrue entre les six économies membres. Les dirigeants ont réaffirmé leur volonté de réduire les barrières tarifaires et de simplifier les formalités douanières pour fluidifier les échanges commerciaux. Autre point crucial  la réforme du cadre monétaire. Les États ont acté le renforcement du rôle des institutions financières régionales, notamment la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), et ont appelé à une coopération plus étroite avec les partenaires internationaux, en particulier la France, garante historique de la stabilité du franc CFA.

Sécurité et gouvernance : la vigilance de mise

Au-delà de l’économie, la question de la sécurité transfrontalière s’est invitée dans les débats. Dans un contexte de menaces persistantes trafics illicites, groupes armés, insécurité dans les zones frontalières  les chefs d’État ont convenu d’une meilleure coordination des services de renseignement et de défense.Ils ont également plaidé pour une gouvernance plus transparente des institutions régionales. L’amélioration des mécanismes de contrôle interne et le renforcement de la lutte contre la corruption figurent parmi les engagements pris.

Des ambitions à concrétiser

Si les résolutions adoptées à Bangui tracent une voie prometteuse, leur mise en œuvre demeure le véritable défi. L’expérience passée a montré que les déclarations d’intention peinent parfois à se traduire en actions concrètes. Harmonisation fiscale, libre circulation, financement des grands projets d’infrastructures : autant de chantiers qui nécessitent une volonté politique durable et des moyens financiers conséquents. Les observateurs restent attentifs à la capacité des États membres à dépasser les logiques nationales pour bâtir un espace économique réellement intégré.

Le mandat de Denis Sassou-Nguesso sera, à cet égard, scruté comme un test de la vitalité de la CEMAC. À Bangui, les dirigeants de la CEMAC ont ouvert un nouveau chapitre d’ambitions régionales. Mais, entre promesses et réalités, la crédibilité de l’organisation se jouera dans les prochains mois, sur sa capacité à transformer les grandes déclarations en réformes palpables pour les populations d’Afrique centrale.

Jonathan Mbarga

LaDirection

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